S'il fallait établir une liste des qualités premières des Pays-Bas, talent, technique et sophistication tactique y figureraient en bonne place. L'esprit d'équipe et la solidarité recueilleraient sans doute moins de votes.

Quand, moins de deux ans après avoir atteint la finale de la Coupe du Monde de la FIFA, Afrique du Sud 2010™, Wesley Sneijder a déploré les "ego pathétiques" qui divisaient la sélection néerlandaise, ses propos ont fait flotter le parfum des années 1990.

La promotion batave 2022 a pourtant su faire bloc pour prendre la tête de son groupe de qualification pour la Coupe du Monde après son entrée en lice manquée en Turquie (2-4). Et aujourd'hui, elle a un autre objectif autour duquel s'unir, comme l'a expliqué Virgil van Dijk : la volonté d'offrir un tournoi inoubliable à l'entraîneur Louis van Gaal, qui a révélé souffrir de longue date d'un cancer de la prostate.

"J'étais sous le choc, avoue le défenseur central de Liverpool. Je lui ai envoyé un message après l'interview (dans laquelle il a dévoilé sa maladie). C'est tout lui, ça. Je lui ai écrit qu'il n'était sans doute pas du genre à rechercher la sympathie, mais j'ai ajouté que le groupe serait toujours là pour lui s'il en avait besoin et que nous espérions faire une Coupe du Monde mémorable en son honneur."

Des joueurs retraités et en activité, tout comme les anciens clubs de Van Gaal, ont manifesté leur soutien sur les réseaux sociaux. Marcus Rashford a tweeté qu'il serait "à jamais redevable" à l'homme qui lui avait donné sa chance.

Van Gaal effectue son troisième mandat aux commandes des Oranje, qu'il a menés à la troisième place de Brésil 2014. D'après Van Dijk, il n'est pas surprenant que l'équipe ait enchaîné neuf matches sans défaite depuis le retour du stratège de 70 ans. Ce dernier n'est pas homme à laisser une maladie, aussi grave soit-elle, l'empêcher de tenir les rênes.

"J'aime ce métier, a confié Van Gaal lors de l'émission de télévision néerlandaise 'Humberto'. J'aime travailler avec cette équipe. C'est un cadeau à mon âge. C'est comme ça que je le vois." L'ancien entraîneur de Manchester United et du Bayern Munich a également expliqué pourquoi il avait caché suivre un traitement contre le cancer pendant les qualifications pour Qatar 2022.

"Je devais aller de nuit à l'hôpital à l'insu de mes joueurs, dévoile-t-il. Ils pensaient que j'étais en bonne santé. On ne meurt pas du cancer de la prostate, du moins dans 90 % des cas, mais j'étais atteint d'une forme très agressive et j'ai subi 25 séances de radiothérapie. Ensuite, il faut gérer beaucoup de choses pour vivre au quotidien."

"Je ne voulais pas le dire à mes joueurs pour ne pas influencer leurs choix et leur détermination. Il ne fallait pas qu'ils sachent. Je sais faire preuve de beaucoup de discipline et de volonté."

Van Gaal, dont l'équipe affrontera le Qatar, le Sénégal et l'Équateur au premier tour de la Coupe du Monde, n'ignore rien des effets dévastateurs du cancer. Son épouse en est décédée à 39 ans. Fidèle à son tempérament de fer, il se refuse néanmoins à voir le verre à moitié vide.

"J'ai traversé beaucoup d'épreuves à cause des maladies. Ma femme en a été victime. Cela fait partie de la vie, observe-t-il. Et je crois que ces expériences m'ont enrichi sur le plan humain."