mardi 17 mai 2022, 17:00

Seger fière de s'être relevée

  • Caroline Seger a manqué un tir au but synonyme d'or olympique à Tokyo 2020

  • La capitaine de la Suède a su rebondir sur le terrain et depuis les 11 mètres

  • La milieu aux 229 capes évoque les hauts et les bas de ces derniers mois au micro de FIFA+

Le 6 août 2021, Caroline Seger était à un penalty d'offrir à la Suède son premier titre mondial et de vivre le couronnement de sa carrière. Il s'en est fallu de quelques centimètres…

Sa frappe s'est envolée au-dessus de la transversale et l'or olympique est tombé dans l'escarcelle du Canada. Après une telle désillusion, il semblait cruel de demander à la milieu de 36 ans de repartir à la conquête des sommets internationaux.

Mais elle s'est relevée pour connaître son heure de gloire. Le terme peut paraître excessif compte tenu de ses antécédents : double médaillée d'argent olympique, elle a atteint à deux reprises la troisième place de la Coupe du Monde Féminine de la FIFA™ et elle est la joueuse européenne la plus capée de l'histoire. Depuis Tokyo 2020, elle n'a gagné "que" l'Algarve Cup.

Lorsque la Suède, menée 1-0 par l'Italie, a obtenu une faute dans les dernières minutes de la finale du tournoi, Seger a surpris en s'avançant pour transformer son premier penalty depuis les Jeux Olympiques. Le convertir d'une frappe imparable, puis réussir le premier tir au but d'une séance remportée par les siennes sur un carton plein exigeait lucidité mentale, courage et sang-froid.

Comment y est-elle parvenue ? Quel en a été l'impact ? Et pourquoi s'est-elle infligée une épreuve aussi stressante ?

Seger, qui a continué à tirer des penalties en club et en sélection, a répondu aux questions de la FIFA au cours d'un entretien dans lequel l'ancienne joueuse du Paris Saint-Germain et de l'Olympique Lyonnais a évoqué les hauts et les bas de ces neuf derniers mois.

Caroline Seger of Sweden applauds.

FIFA+ : Depuis les Jeux Olympiques, vous avez gagné l'Algarve Cup, vous vous êtes qualifiée pour la Coupe du Monde et vous avez pris la tête du championnat avec Rosengård. Êtes-vous satisfaite de votre saison ? Oui. J'ai terminé les Jeux de la pire des manières, mais j'ai essayé de rester positive et surtout de regarder vers l'avant. Il s'est passé beaucoup de choses dans les mois qui ont suivi, ce qui m'a aidée à me reconcentrer et à avancer. L'équipe nationale est en pleine progression et l'avenir s'annonce prometteur. Notre sélection peut faire mieux encore qu'au Japon. Je suis heureuse d'être toujours en mesure d'apporter ma contribution.

Après Tokyo 2020, avez-vous hésité à rester en équipe nationale, ou à tirer des penalties dans les qualifications pour la Coupe du Monde et en Algarve Cup ? Non, pas vraiment. Je n'ai pas abordé les Jeux Olympiques avec l'intention d'arrêter la sélection après le tournoi, quel qu'en soit le résultat. Je me sens toujours en forme, je suis très motivée et j'aime jouer avec cette équipe. Il n'a jamais été question pour moi de la quitter. Quant aux penalties, il est important sur le plan sportif et personnel de faire face aux épreuves. J'ai voulu montrer que personne n'est un super-héros. Parfois, on tombe, mais il faut savoir se relever. Il était aussi essentiel pour mon mental de ne pas fuir cette responsabilité, parce que les penalties font partie intégrante du football.

Penalty by Caroline Seger Sweden to 1 1, in goal Laura Giuliani goalkeeper Italy , 23 02 2022, Lagos, Football, Women, Algarve Cup, Sweden Italy.

Un penalty est un défi mental. Quand vous vous êtes avancée en finale de l'Algarve Cup, avez-vous essayé d'oublier la finale olympique pour vous concentrer uniquement sur votre frappe ? À Tokyo, beaucoup de pensées se bousculaient dans ma tête. Je me souviens clairement de l'une d'elles : "Je peux gagner un titre pour la Suède et accomplir quelque chose d'unique". C'était un moment historique et je crois que ça m'a troublée et déconcentrée. Je ne sais pas si j'ai mal pris mon élan, si j'ai mal tiré ou si je me suis laissée submerger par les émotions, mais je revois sans cesse ces images et maintenant, chaque fois que je transforme un penalty, je les ai à l'esprit et je me répète : "Ne refais pas ça". On apprend tout le temps dans la vie et malheureusement, j'ai dû apprendre à la dure. Je suis vraiment heureuse d'avoir réussi à avancer.

Les penalties que vous avez marqués ces derniers mois, et plus particulièrement ceux convertis en finale de l'Algarve Cup, vous ont-ils permis d'effacer l'épisode olympique ? Je ne pense pas pouvoir l'effacer complètement, il sera toujours là. On m'en parle beaucoup. C'est normal. Il a également eu des incidences positives. J'ai traversé beaucoup d'épreuves dans ma carrière, mais rien d'aussi dur mentalement. Je suis très fière de ne pas avoir abandonné. Je continue à y croire et je continue à retourner au point de penalty. Je ne dis pas que me comporter différemment aurait été de la lâcheté, parce que chacun réagit à sa manière. Mais je me suis prouvé quelque chose à moi-même.

Tirez-vous du positif et de la fierté du Tournoi Olympique, dans lequel votre équipe a déployé un football de haut niveau sur le plan individuel et collectif ? Je suis très fière de ce que nous avons accompli. En même temps, c'est douloureux d'être passé si près de la victoire. La Suède n'est pas comme les États-Unis ou l'Allemagne, qui accèdent régulièrement aux finales. Nous avions travaillé très dur pour en arriver là et nous aurions pu vivre un moment historique. Mais nous avons livré une prestation de grande qualité, supérieure même à celle de 2019 (la Suède s'était classée troisième). Si l'équipe reste sur cette lancée et continue à croire en elle, elle n'a pas fini de surprendre.

Votre entraîneur Peter Gerhardsson ne vous demande pas de vous engager à jouer le prochain tournoi, ou les deux ou trois prochaines années, mais juste le prochain match. Est-ce important et avez-vous pris du plaisir sur le terrain depuis les Jeux Olympiques ? Depuis que Peter et Magnus Wikman (adjoint de Gerhardsson) ont pris les commandes, j'adore jouer en sélection. J'aimais ça avant, mais là, c'est un vrai bonheur, parce que nous pratiquons un football de possession et d'attaque, en utilisant les espaces. Je ne sais pas combien de temps ça durera, mais pour l'instant, je prends toujours beaucoup de plaisir.

Au vu de la qualité de votre jeu et de ce que l'Espagne, la France, l'Angleterre et l'Allemagne montrent actuellement, l'UEFA EURO Féminin s'annonce-t-il encore plus relevé ? Ce pourrait être la compétition la plus dure de notre histoire, parce que toutes les équipes féminines progressent à une cadence accélérée dans les domaines technique, tactique et physique. Ce sera un tournoi fantastique à suivre et à disputer. Le rythme, qui était déjà élevé lors de la Coupe du Monde 2019, montera encore d'un cran en Angleterre. Il faudra batailler ferme pour décrocher le titre.

Caroline Seger of Sweden.

La Coupe du Monde Féminine n'est plus très loin. Comptez-vous y participer ? J'ai 37 ans aujourd'hui, alors on verra. J'espère rester sur le terrain tant que je me sentirai capable de rivaliser avec l'élite, de jouer à un bon niveau et d'aider l'équipe. Mais je ne veux pas être sélectionnée en raison de mes états de service, ce que Peter ne ferait jamais de toute façon. Pour l'instant, je prends les choses étape par étape et l'UEFA EURO est ma prochaine étape. Si nous remportons le titre, qui sait, ce sera peut-être ma dernière destination.

jwcychte9jynqge31yj2.jpg